Artiste mongole en France depuis quelques années découverte par Pierre et Sophie à la galerie Pascal Gabert et au salon de Montrouge de cette année.
Deux articles qui décrivent bien son travail déjà bien abouti et très fort par la richesse et la finesse de son expression : poésie et force, fragilité et dureté, organique et nature, local et universalisme…
Née en Mongolie, elle quitte son pays natal à 17 ans pour vivre en République Tchèque avant de commencer ses études artistiques à Paris. Au fil de son parcours, le dessin est demeuré son médium de prédilection tout en laissant la mode et la littérature inspirer son approche. Sa pratique en tant que poète, écrivant en plusieurs langues dont le français, n’est pas à dissocier de son travail plastique. Elle se reflète en effet entièrement dans ses créations lyriques et subtiles. Un univers surréel et poétique nous est suggéré, où rêves, désirs et réalités se côtoient et se confondent. Se mêlant aux traits d’encre de Chine tout en prolongeant le dessin, les fils, cousus, brodés, perturbent la délimitation entre le textile et le graphique, ajoutant au caractère onirique de l’oeuvre. L’intervention du fil en relief ajoute un aspect tactile à l’image, traçant des liens forts tout en rendant compte de leur fragilité. Parfois, ce qui nous amène à rêver ne tient qu’à un fil.
Claire Mead
Odonchimeg Davaadorj, dessine, peint, brode, coud des histoires, sur papier, tissus ou vêtements, reliés par des fils rouges. Au Salon de Montrouge, elle déploie une carte heuristique d’une énigme à résoudre ou d’une histoire à se raconter. Les personnages qui l’habitent n’ont, pour la plupart, pas de tête et sont alors anonymisés. Ainsi, les histoires qu’Odonchimeg Davaadorj narre sont à la fois singulières et universelles.
Les seuls protagonistes dont les têtes ne sont pas détachées des corps sont des animaux, ici, un chien et des oiseaux en vol. Dans la culture mongole, la femme est souvent comparée à une jument. Le cheval est un outil, un animal domestique, mais il est aussi apprécié pour sa fougue, sa domestication demeure donc ambiguë. Contrairement au chien, animal docile par excellence, qui semble agoniser silencieusement dans la toile de l’œuvre d’Odonchimeg Davaadorj. Quand on interroge l’artiste sur le motif de l’oiseau qui revient dans ses créations, elle répond : « c’est l’animal qui peut toujours fuir ». L’animal sauvage en fuite relie des corps féminins anonymisés mais dont le sang, dessiné d’un rouge vif à l’aquarelle, coule vivement dans les veines. Les forces vitales des corps (les seins, le sexe, les mains) ressortent sous le trait rouge plus ou moins accentué de l’artiste. Une métaphore mongole assimile le système de parenté au corps : les os viennent du père, tandis que le sang et la chair viennent de la mère, ici il est clair qu’il s’agit de force vive féminine.
Quand on observe de loin l’œuvre d’Odonchimeg Davaadorj, ses dessins semblent fragiles, délicats, mais lorsqu’on s’approche, qu’on détaille et dissèque du regard ces broderies et dessins minutieux, il s’en dégage une certaine dureté. Tel le volcan qui explose sans prévenir, éjectant les têtes-esprits des personnages et dont la lave parvient à envahir la chemise brodée. Les œuvres d’Odochimeg attire par leur poésie, leur légèreté et nous bouscule par leur crudité et leur force.
Par Léa Djurado
Deux belles petites vidéos
https://youtu.be/saQWInE3P_Q
https://youtu.be/pRpqFXQOQGc
Des liens interessants
http://cargocollective.com/odonchimeg-davaadorj/vue-d-accrochage
http://www.salondemontrouge.com/574-odonchimeg-davaadorj.htm
http://lechassis.fr/4-coups-de-coeur-salon-montrouge/
De belles photos